Les Abrans, refuge préhistorique ou de brigands du Moyen-Âge?
Aucun vestige préhistorique n'est connu provenant de la commune de Giron. Vers moins 15 000 ans, la civilisation magdaléenne a suivi les cours d'eau pour pénétrer dans notre région. Deux haches de pierre polie ont été découvertes près de Lélex, aux Molunes, à une quinzaine de kilomètres au nord de Giron. Des morceaux de lames d'armes de jet et environ 250 fragments de silex taillés datant d'au moins dix mille ans ont été retrouvés sur le territoire de la Réserve de la Haute Chaîne du Jura, dont certains proviennent du lit de la rivière Semine. Des hommes du
Mésolithique, à la fin de la dernière glaciation, ont pu passer à Giron pour chasser le cerf et le sanglier, ou récolter du silex non loin de là, et peut-être s'abriter dans la grotte des Abrans. On a découvert des objets datant de l'âge du Bronze à Sous-Sac (Craz-en-Michaille) et au Fort l'Ecluse. Il se dit que des populations auraient vécu à Orvaz bien avant les Gaulois. Vers 1000 avant J.C., les Ligures occupaient la région. Ils avaient domestiqué le bœuf et le cheval, et pratiquaient l'agriculture. De nombreux émigrants passaient par Nantua et Bellegarde pour se livrer au commerce d'ustensiles et ornements en bronze. Quelques tribus celtiques du sud de l'Allemagne, d'Alsace et de Suisse orientale venaient faire des razzias dans les villages tous les vingt ans environ. Le fer était utilisé dans la région à partir d'environ 600 avant J.-C.
Les Séquanes se sont installés sur l'ouest des crêtes du Jura au moins jusqu'à la cluse de Nantua vers le IVème siècle avant J.-C, alors que les Helvètes occupaient l'est avec pour capitale Vesontio (Besançon). Effrayés par la menace des barbares germaniques, les Séquanes ont appelé les Romains à l'aide. Ceux-ci ont créé un poste fortifié à Châtillon-en-Michaille. Les soldats et les marchands qui s’y établirent parlaient le bas latin : on en retrouve des traces dans les patois du pays et dans les noms de lieux. On dit qu'une voie romaine passait dans la vallée de la Valserine. Des chasseurs gaulois et romains ont dû être intéressés par l'abondant gibier forestier. Les habitants étaient encore dispersés et rares dans les montagnes. Ce serait Saint Martin, ou les missionnaires de sa communauté, qui aurait évangélisé la région au cours du IVème siècle. Après une période d'invasions barbares et de pillages, les Burgondes occupaient vers l'an 500 tout le département de l'Ain actuel. Ils étaient plutôt pacifiques et se sont convertis au catholicisme. Un monastère a été créé à Saint-Claude à cette époque. On a trouvé un cimetière qui a été attribué aux Burgondes sous la place de l'église à Champfromier. On prétend qu'il existerait les ruines d'un campement fortifié d'une tribu burgonde sur un ancien camp romain au Golet des Murs à Champfromier, quelques centaines de mètres à l'est des Abrans. Les Francs ont conquis le royaume de Burgondie au VIème siècle.
Les rois rétribuaient les services des nobles par des biens fonciers souvent d'origine épiscopale. Les comtés gagnèrent ainsi en autonomie. Les paroisses devenaient de plus en plus nombreuses dans le Haut-Bugey. Dès le VIème siècle, les paroissiens de Giron dépendaient du diocèse de Genève. Le monastère de Nantua, dont la terre de Giron relèvera plus tard, a été créé en 764. La réforme grégorienne a contraint les comtes à rendre les territoires d'origine épiscopale. Ceux-ci s'appliquèrent à dire qu'il s'agissait de cadeaux. Ainsi, Albitius ou Albert, deuxième comte de Genevois, avec Odda sa femme, auraient donné à Alranus, abbé du monastère de Nantua, les forêts et terres d'Echallon, de Belleydoux, de Saint-Germain-de-Joux et de Charix vers 935. Au début du Xème siècle, les Sarrasins se sont installés sur des points stratégiques des grandes voies transalpines pour rançonner les voyageurs et les marchands. Ils pourraient s'être implantés autour de Giron. Les Hongres ont mené plusieurs raids à cheval, détruisant le monastère de Nantua vers 955. La grotte des Abrans aurait pu servir de refuge aux habitants... ou aux brigands.